Le coronavirus ébranle le monde de la mode.
L’incertitude frappe les entrepreneurs et les investisseurs. Avec la crise du coronavirus, dont l’épidémie a débuté le 23 janvier en Chine dans la province du Hubei, le niveau d’imprévisibilité est à son plus haut. L’activité économique dans l’empire du Milieu, et par écho dans le monde, tourne au ralenti, la mode et le luxe n’échappant pas au phénomène.
La dépendance de l’industrie de la mode
Dans le luxe et la mode, tous les groupes ont évidemment annoncé une décrue immédiate de leur activité en Chine, mais aussi des conséquences dans les zones fréquentées par les touristes chinois et asiatiques. Avec des consommateurs chinois pesant pour 33 % à 35 % des ventes globales de produits de luxe, de fait, les groupes s’adaptent à cette situation exceptionnelle.
Pour les marques de luxe, la majorité des productions sont en effet réalisées en Europe et il s’agit donc de temporiser pour ne pas générer trop de stocks. Mais pour les marques européennes de prêt-à-porter premium, le moyen et l’entrée de gamme, ainsi que pour la fast-fashion, l’Asie – en particulier la Chine – est une zone de production majeure et il s’agit là de parvenir à approvisionner les points de vente par-delà le globe.
Plus de la moitié du sourcing des labels tricolores est asiatique.
La Chine et Hong Kong pèsent pour 27 % de l’approvisionnement des marques françaises et le reste de l’Asie pour 33 %, selon les chiffres de l’Observatoire de l’Institut français de la mode. Ainsi, avec cette crise du coronavirus, si l’activité commerciale est à l’arrêt en Chine, il en va de même de l’activité industrielle.
Il semble dès lors délicat pour les marques ayant construit leur modèle avec une production très majoritairement chinoise de défendre leurs positions durant la prochaine saison. Leurs prix et marges, et donc leur place sur un marché très compétitif, pourraient être fragilisés. A l’inverse, des acteurs ayant déjà panaché leur sourcing pourraient tirer partie de la situation pour prendre des parts de marché.
A moyen terme, côté production, le choc pourrait bien accélérer la redéfinition de la carte mondiale du sourcing avec potentiellement un renforcement de la bascule vers le Bangladesh, mais aussi l’Asie du Sud-Est (où nombre d’entreprises chinoises ont d’ailleurs elles-mêmes investi), qui était en fait déjà à l’étude de projet pour nombre de marques. « Il est trop tôt pour connaître le niveau d’incidence de l’épidémie pour la filière », pour Gildas Minvielle de l’Observatoire de l’IFM. « Mais, au regard de l’ambiance post-apocalyptique des images de villes désertes, il y aura forcément un impact, qui ira vraisemblablement dans le sens d’une recomposition de l’approvisionnement hors de Chine ».
Avec des cartes largement rebattues, cette crise peut constituer une opportunité pour les marques de repenser leur stratégie d’approvisionnement au regard des attentes de plus en plus prégnantes des consommateurs quant aux questions environnementales et sociales.
Source :
http://www.FashionNetwork.com